Plusieurs fois, il est arrivé à Fernand Léger d'évoquer l'institution muséale dans ses écrits.
Une première fois, c'est le créateur qui parle et qui, faisant référence aux lettres de Cézanne, ambitionne à son tour de faire «quelque chose de durable comme l'art des musées».
Une deuxième fois, c'est le maître d'atelier qui invite ses élèves à visiter les maîtres anciens pour se confronter à eux et, peut-être, si l'élan créateur les y pousse, arriver à quelques heureuses transgressions.
Une autre fois encore, c'est le pédagogue qui préconise la visite des musées aux enfants afin qu'un classement puisse s'établir dans leur esprit et qu'ils puissent «évoluer vers les belles choses».
L'artiste des formes contrastées et de la modernité urbaine, des murs colorés et de l'objet industriel, n'est donc nullement réfractaire au musée qu'au même moment, nombre de ses contemporains - Futuristes en tête - livrent aux gémonies. Bien au contraire, il souscrit à son programme de requalification du regard dans l'exercice duquel l'individu peut simultanément trouver le plaisir de la contemplation et les moyens de sa formation.
Bien que l'artiste n'ait pas participé au projet de sa construction, un musée abritant son œuvre ouvrira peu de temps après sa mort. Inauguré en 1960 et placé sous la tutelle de l'État quelques années plus tard, le nouveau musée se trouve en phase avec la généreuse pensée d'un artiste qui voulait tant permettre aux gens d'accéder à la culture en général, et à l'art de leur époque en particulier.
Le musée national Fernand Léger entend se définir comme un lieu d'études et de recherches sur l'œuvre qu'il conserve mais aussi sur les autres formes d'expressions (musique, cinéma, danse...) qui construisent également le paysage contemporain. Il répond en ce sens aux critères de tout musée qui se pense et se définit comme lieu de vie ouvert sur le monde et sur ce qui le façonne.
