La Joconde aux clés est l'aboutissement de plusieurs années de travail consacrées par Léger à dispenser les objets dessinés ou peints du support traditionnel. « J'ai pris l'objet, j'ai fait sauter la table, j'ai mis cet objet dans l'air, sans perspective, sans support. J'ai dispersé mes objets dans l'espace et je les ai faits tenir entre eux en les faisant rayonner en avant sur la toile. Tout un jeu facile d'accords et de rythmes fait de couleurs de fond et de surface, de lignes conductrices, de distances et d'oppositions, quelquefois de rencontres insolites. » Lorsque Marcel Duchamp a crayonné moustache et barbiche sur l'image de la Joconde de Léonard de Vinci en l'affublant des lettres L.H.O.O.Q, il a conduit une remise en cause des critères esthétiques qui conduisent à la définition de ce qui est de l'art ou ce qui ne l'est pas. Cette Joconde moustachue est à l'origine de la remise en cause du statut de l'art au XXe siècle.
Renouveler la peinture, moderniser le sujet sont des préoccupations essentielles pour Léger qui reprend à son compte une Joconde reconvertie au goût du jour : « j'avais fait sur une toile un trousseau de clés. ...Il me fallait quelque chose d' absolument contraire aux clés...qu'est-ce que je vois dans une vitrine? Une carte postale de la Joconde ! J'ai compris tout de suite: c'est elle qui me fallait, qu'est-ce qui aurait pu contraster plus avec les clés? Comme ça j'ai mis sur ma toile la Joconde. Après j'ai ajouté aussi une boîte de sardines. Cela fait un contraste aigu/ C'est un tableau que je garde, je ne le vends pas. » Léger refuse la monotonie et les nuances.
Fernand Léger (1881 - 1955)
La Joconde aux clés, 1930
Huile sur toile. H. 91 ; l. 72 cm
Biot, musée national Fernand Léger
© Photo Rmn - GP, (Musée national Fernand Léger) / G. Blot
© Adagp, Paris, 2023 © Rmn - Grand Palais, Paris 2023.
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