Publié à l'occasion de l'exposition Jacques Galiot de Genouillac, l'autre vainqueur de Marignan, musée national de la Renaissance du 23 mai au 21 septembre 2015.
Jacques Galiot de Genouillac (vers 1465-1546) fait partie de ces figures oubliées de l'histoire. Pourtant sa carrière militaire de premier plan et son statut de commanditaire éclairé dans de nombreux domaines artistiques en font une figure très représentative de la situation et des ambitions de la noblesse française au temps de la Renaissance.
Formé dans l'entourage du roi Charles VIII, dont il est l'un des favoris, il participe dès 1494, à la première grande campagne militaire menée par le roi en Italie, prélude à plus de cinquante ans d'ingérence française dans la politique de la péninsule, succession incessantes de victoires et de replis qui ne s'achèvera qu'en 1559. Dès 1512, Galiot est nommé « capitaine de l'artillerie » est il est donc chargé d'une arme alors relativement nouvelle dont on ne maîtrise pas encore toutes les possibilités (le grand développement de l'artillerie remonte seulement au milieu du xve siècle). Il démontre brillamment le rôle qu'elle peut jouer lors de la première campagne du jeune roi François Ier en Italie et contribue activement à la victoire de Marignan en 1515, dont on dit parfois qu'il est « l'autre vainqueur » (après le souverain). Proche du roi, il prend part à ses succès mais aussi à ses défaites et il est fait prisonnier avec lui dix ans plus tard, lors du désastre de Pavie. Cela n'altère en rien sa faveur puisqu'il est nommé la même année « Grand Ecuyer », autre poste clef par lequel il contrôle tous les chevaux nécessaires à la vie de la cour de France et contribue à en organiser les grandes cérémonies.
Ces fonctions près du roi n'empêchent pas Galiot de se préoccuper de ses terres qui s'étendent dans tout le sud-ouest. Il y occupe également des fonctions judiciaires et militaires en tant que sénéchal du Quercy et lieutenant général de Guyenne. Sa présence se manifeste en particulier par de grandes commandes d'architecture : deux églises visent à assurer sa mémoire : la première à Lonzac où est enterrée sa première épouse et la seconde à Assier où il est inhumé. Son château familial, également à Assier, est également entièrement reconstruit pour en faire une demeure moderne. Galiot de Genouillac apparaît comme un commanditaire éclairé, non seulement dans la pierre, mais aussi dans de nombreux autres domaines, comme les armes, les livres, la tapisserie ou le vitrail. Il n'hésite pas à faire appel à des artistes qui maîtrisent le langage nouveau de la Renaissance française, habile mélange entre des influences italiennes et des préférences nationales profondément enracinées. On y retrouve en particulier le goût pour des allusions symboliques complexes, visibles sur les tapisseries ornées de la figure du demi dieu Hercule et dans la devise aujourd'hui encore énigmatique de Galiot : « J'aime Fort. Une ».
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