L'enfance de l'art. De Velázquez à Picasso

Velázquez, « peintre des peintres » selon Édouard Manet est le plus grand artiste du Siècle d'or espagnol. Maître incontesté du portrait de cour, il mena une carrière de courtisan qui l'amena aux plus hautes fonctions et qui lui permit de pénétrer la vie intérieure des membres de la famille royale. De là, ces portraits à la proximité étrange. Parmi eux, ceux qui représentent les enfants royaux sont peut-être les plus fascinants. Dans les portraits de l'infante Marguerite, dans ceux de Marie-Thérèse, où le maître adoucit le visage ingrat de la future reine de France, ou encore dans ceux du prince Baltasar Carlos, les petits êtres sont figés dans des atours invraisemblables, mais tous ces tableaux possèdent un charme plein de gravité et d'innocence. Comme si Velázquez, au-delà de la posture hiérarchique à laquelle ces enfants devaient se plier, avait su saisir leur secret, le tragique et la joie de l'enfance.

À partir de Velázquez, l'enfant sera traité comme un véritable sujet pictural, l'un des plus émouvants de l'histoire de l'art. Les artistes cherchent à s'emparer de la nature fascinante de ces petits êtres, futurs souverains, adultes en devenir.

Des Ménines de Velázquez à celles de Picasso, ce petit livre propose quarante des plus beaux portraits d'enfants, accompagnés d'un commentaire : princes et princesses de l'art de cour (Hyacinthe Rigaud), enfants idéalisés du sentimentalisme à la mode du XVIIIe siècle (Vigée-Le Brun, Greuze), enfants pauvres (Murillo, Manet) ou anges du foyer (Chardin) chez les réalistes, petites filles modèles de Renoir, enfants rêveurs des Nabis..., sans oublier les enfants des peintres eux-mêmes : les petits Claude Monet, Paul Cézanne, Paul, Claude, Maya et Paloma Picasso, inlassablement et tendrement représentés par leurs pères.
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