Publié à l'occasion de l'exposition Vies d'ordures. De l'économie des déchets au Mucem du 22 mars au 14 août 2017.
Exposer les manières dont les sociétés produisent, traitent, s'approprient et transforment les restes apparaît comme un enjeu central pour un musée de société comme le Mucem.
Documentée grâce à des enquêtes ethnographiques de terrain et des campagnes de collectes spécifiques, l'exposition « Vies d'ordures » illustre à travers la question très concrète de l'économie des déchets, la crise écologique qui touche notre planète à l'ère de l'anthropocène.
Si les déchets apparaissent comme une « part maudite » de nos sociétés de consommation, comment les faire entrer au musée, comment exposer ce qui s'offre à nos perceptions comme sale, malpropre, immonde, toxique ? L'exposition relève la gageure en proposant un voyage autour de la Méditerranée à la découverte des gestes, des hommes et des femmes qui vivent du déchet (glaneurs, chiffonniers, éboueurs, biffins, gratteurs....).
Montrer comment on collecte, on trie, on transforme les ordures, avec l'inventivité de la nécessité, c'est dessiner tout un monde d'échanges et de transferts autour de ces restes qui s'avèrent bien davantage que de simples rebuts.
En analysant les relations des hommes à leurs restes en Méditerranée, l'exposition et le catalogue qui l'accompagne permettent aux citoyens d'appréhender les modalités par lesquelles les restes persistent à être encore (réemplois) ou à être à nouveau (recyclages) ainsi que les enjeux sociaux de leurs retours. Car telles sont peut-être les ruses des détritus : ils combinent leurs vies aux nôtres jusqu'à nous paraître familiers, en dépit du monde inhabitable qu'ils composent avec nous.
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