Publié à l'occasion de l'exposition Chagall, sculptures au Musée national Marc Chagall, Nice (27 Mai 2017 - 28 Août 2017).
Tout au long de sa vie, le génie inventif de Marc Chagall (1887-1985) l'a poussé à se confronter à des techniques artistiques variées : dessin, peinture, gravure, céramique, mosaïque, vitrail, tapisserie...
Cet éventail compte également une pratique de l'artiste peu connue du grand public : la sculpture. À l'exception de L'Épaisseur des rêves (Piscine de Roubaix, 2012), rares ont été les expositions consacrées à ce thème.
Le musée national Marc Chagall recèle cinq exceptionnelles pierres taillées.
C'est en 1950, alors qu'il s'installe à Vence, que Chagall découvre la sculpture. Il s'initie d'abord par le modelage, en créant des céramiques. Puis il s'attaque au travail de la taille de la pierre, utilisant volontiers la pierre de Rognes, aux éclats coquillés roses ou jaunes (Moïse, 1952-1954), mais également le marbre (Deux têtes, une main, 1964).
Pour certaines pièces, il fait appel au bronze, déclinant un travail de peintre sur les patines et un regard de graveur sur les reliefs et volumes de l'œuvre en métal (La Bête fantastique, 1952).
Chagall a créé près d'une centaine de pièces sur les thèmes qui lui sont chers : célébration de l'amour, représentations animalières et scènes bibliques.
Le catalogue en présente une soixantaine dont des cuivres et des bois gravés ainsi que des collages inédits. Son expérience de graveur a favorisé la création de reliefs (Deux oiseaux et un lapin ou La Colline, 1966) et de stèles gravées, notamment les pierres tombales de son amie l'auteure russe Assia Lassaigne (1950) et de son épouse Bella Rosenfeld (début des années 1960).
Elles révèlent l'infinie diversité des sources d'inspiration de Chagall. Ici, des formes aux accents préhistoriques se déploient sur des objets prélevés dans la nature - galets, os -,(Visage double-profil, 1969). Là, c'est le vocabulaire des colonnes et des chapiteaux médiévaux employé dans de délicats bas-reliefs de couples primordiaux (Deux nus ou Adam et Ève, 1953). D'autres témoignent de l'influence de l'iconographie culturelle russe, spirituelle et populaire, notamment perceptible dans un bestiaire fantastique toujours renouvelé (Le Coq, 1952).
Doté d'un sens aigu de la spatialité et de l'échelle, les sculptures de Chagall se sont aussi déployées au sein de projets spécifiquement dédiés à une architecture. Les œuvres réalisées pour l'église Notre-Dame-de-Toute-Grâce du plateau d'Assy ou encore pour la cour intérieure de l'hôtel particulier d'Ira Kostelitz à Paris - aujourd'hui intégrée dans le parc de la Fondation Gianadda - sont présentées pour la première fois à Nice.
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