« Le plus célèbre peintre portugais avancé », tels sont les mots qu'utilisa Fernando Pessoa pour décrire Souza-Cardoso en 1916. José de Almada Negreiros, écrivain, artiste et compagnon de travail d'Amadeo, proclama à son égard une phrase légendaire du Futurisme portugais : « Amadeo est la première découverte du Portugal en Europe au XXème siècle ».
Un siècle plus tard, ces affirmations se heurtent à la méconnaissance qui plane dans l'historiographie internationale au sujet d'Amadeo - mais qui est donc cet artiste ?
L'exposition se propose non seulement de répondre à cette interrogation mais est aussi le signe d'un retour et d'une redécouverte.
Comme de nombreux artistes de son temps, Paris fut la ville choisie par Amadeo pour vivre et développer un dialogue permanent, personnel et créatif avec les auteurs avant-gardistes de son époque . Sa disparition soudaine en 1918 remit entre les mains de ses concitoyens une mémoire difficile à gérer et conditionna jusqu'au jour d'aujourd'hui le chemin de sa reconnaissance.
Paris qu'il découvrit en 1906, centre euphorique et théâtre de tous les bouleversements, attira son attention sur les artistes qui rompaient avec les canons classiques.
Amadeo participa, lui aussi, à ce mouvement de rupture ; il fit ses premiers pas dans le circuit international en développant un dialogue créatif avec ses compagnons de travail : Modigliani, Brancusi, Archipenko, les Delaunay, Otto Freundlich, Boccioni, entre autres, et prit contact avec des agents artistiques, des éditeurs ou des commissaires d'exposition, comme Walter Pach, Wilhelm Niemeyer, Ludwig Neitzel, Herwald Walden, Adolf Basler, Harriet Bryant
La scène cosmopolite qui a fait de Paris, à la veille de la première guerre mondiale, la capitale incontestée de l'avant-garde, comptait cet artiste portugais au talent sidérant, qui serait assurément devenu l'un des classiques de l'histoire de l'art moderne s'il n'avait été emporté par la grippe espagnole à l'âge de 31 ans, en 1918.
Il se rend à Paris en 1906, se consacre d'abord au dessin et à la caricature, fréquente les ateliers de Montparnasse, tente d'intégrer l'Ecole de Beaux-Arts et l'académie Viti, sans succès. Après un séjour à Bruxelles en 1910, il participe au Salon des indépendants en 1911 et se rapproche de Modigliani, Brancusi, Archipenko, Juan Gris et Delaunay.
En 1912, il réalise un exemplaire illustré de la Légende de Saint Julien l'Hospitalier de Flaubert, chef-d'œuvre unique en son genre. Les huit œuvres qu'il envoie à l'Armory Show de New York en 1913 font sensation et sont toutes vendues. Il expose à la galerie Der Sturm à Berlin, puis retourne au Portugal où son activité artistique lui apporte un succès teinté de scandale.
A la croisée du cubisme et de l'expressionnisme, Amedeo de Souza Cardoso produit pendant la guerre des peintures majeures, que l'on redécouvre avec stupeur et qui éclairent d'un jour nouveau les débats entre les groupes les mieux identifiés de la période. L'exposition permettra donc à la fois le plaisir d'un premier regard et une réflexion sur la liberté d'invention au moment où se mettent en place les codes de la modernité.
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