Des rives de la Méditerranée jusqu'aux confins de l'Afrique, l'oeuvre de Pablo Picasso est empreinte d'un désir d'évasion invitant au voyage. Les chemins qu'il emprunte s'apparentent à une initiation mythologique, décrite ainsi par l'artiste: « si on marquait sur une carte tous les itinéraires par où je suis passé et si on les reliait par un trait cela figurerait peut-être un minotaure ».
Picasso voyage réellement et surtout intérieurement, au fil du labyrinthe de son âme. Sur les routes de l'Espagne, la solitude de l'époque bleue et rose se teinte d'une métaphysique de l'errance. Sans s'y rendre, il approche spirituellement l'Afrique, dessinant les contours d'une exploration aux marges de l'"exorcisme". Durant la guerre, son voyage à Rome est celui de la maturité, conservant les traces d'une antiquité retrouvée.
La Grèce bien que jamais visitée, demeure son berceau primitif, où il puise l'expression et la simplicité des formes pures. Enfin l'Orient, l'Algérie fantasmée d'une dernière traversée méditerranéenne se transforme en refuge au coeur de la sensualité féminine.
Entre souvenirs de voyages et itinéraires fictifs, l'ouvrage explore les sources d'un artiste visionnaire constamment en quête d'ailleurs et de renouveau formel.
Peintures, sculptures, assemblages et dessins seront présentés aux côtés d'oeuvres maîtresses des collections du musée d'Archéologie méditerranéenne et du musée d'Arts africains, océaniens, amérindiens de Marseille. Quatre itinéraires, quatre dialogues, pour une invitation au voyage dans l'antre imaginaire du génie Picasso.
BOHÈME BLEUE : Sur les routes de la bohème, Picasso représente les saltimbanques, métaphore d'une jeunesse tantôt teintée de bleu (1901-1904) puis de rose (1904-1906).
AFRIQUE FANTÔME : La fascination de l'Afrique que lui inspire ses visites du musée du Trocadéro plonge Picasso dans une recherche intérieure menant à la réalisation des Demoiselles d'Avignon (1907) et l'achat à Marseille en 1912 d'un fameux masque Grebo. Un dialogue s'immisce entre les oeuvres de l'artiste espagnol et les collections du musée d'Arts Africains, Océaniens, Amérindiens de Marseille.
AMOUR ANTIQUE : Après la Première Guerre mondiale l'antiquité retrouvée apparaît comme une nouvelle Renaissance. Dès son premier séjour à Rome en 1917 pour mettre au point les décors et costumes du ballet Parade, l'antiquité irrigue l'oeuvre toute entière de Picasso, jusqu'à ses plus étonnantes transformations d'artiste « Minotaure ». Une confrontation avec les collections du musée d'archéologie de Marseille illustre ce dialogue intemporel.
ORIENT RÊVÉ : Sur les pas de Ingres et de Delacroix, Picasso explore le goût orientaliste du XIXe siècle. La série des Femmes d'Alger d'après Delacroix (1955) transforme sa dernière épouse Jacqueline en odalisque, héroïne d'un harem imaginaire.
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